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Les Crèpes au Sirop d'Erable
22 mai 2022

LA Route Trans-Labrador Québec

Voilà j'ai réparé mes bêtises. Bonne lecture.

16/17/18/19/20/21 Mai

On a le plein d’eau, d’essence de gaz et de bouffe. On est parés pour la grande traversée du Labrador. 

Jamais l’adage indien n’aura été aussi de circonstance: « l’hiver sera froid, homme blanc rentrer du bois » sauf que là ils rentrent du bois, certes, tous et partout, mais on ne va pas vers l’hiver, quoique…..

10h30, nous quittons définitivement Terre Neuve cette fois. Le ferry arrivant du Labrador décharge sa cargaison de camions et de voitures et c’est à notre tour d’y prendre place. 

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Nous arrivons, une heure 45 plus tard à Blanc Sablon, Québec. Il est 1h30 de plus qu’à Terre Neuve, les montres se mettent à l’heure. Nous partons vers Vieux Fort par la route 138 en longeant l’embouchure du Saint Laurent. Tout est encore très blanc. Les murs de neige le long de la route sont plus hauts que notre fourgon. Les lacs sont encore bien gelés, 17 mai…..mais quand donc arrive le printemps dans ces contrées? Cette route s’arrête à Vieux Fort à 70 km de Blanc Sablon. Ensuite…..plus rien. Il y a encore quelques villages mais ils sont ravitaillés par bateau. Le projet est de continuer la 138 pour désenclaver ces villages mais ce n’est encore qu’un projet. Nous prenons notre repas au bout de la route

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avant de faire demi tour et revenir à Blanc Sablon pour attaquer la route du Labrador. Nous changeons à nouveau de province. Nous entrons au Labrador et nous changeons à nouveau d’heure, nous perdons l’heure et demie que nous avions pris en arrivant. On a un peu de mal à savoir quelle heure il est où mais la technologie nous aide, les montres et les téléphones eux savent. Nous entrons dans un autre monde, un monde perdu. Mais comment font-ils pour habiter des endroits aussi inhospitaliers? La route 510 est superbe! Quels paysages! Un orignal broute tranquillement en contre-bas de la route, il est énorme, ou elle on ne sait pas trop mais il/elle n’a pas de bois. 

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Nous roulons jusqu’à Red Bay, le vent souffle nous cherchons un abri pour nous en protéger un peu. Au loins la mer est encore prise dans les glaces……

Je prépare une potée pour demain midi, c’est de saison!

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Bon anniversaire Manue! Grande journée pour toi aujourd’hui, en plus de fêter tes 39 ans, tu accompagnes ta mamy. Elle retrouve aujourd’hui papy qui l’attend depuis 29 ans. 

Nous commençons la journée par une balade revigorante jusqu’au bout là où la mer est gelée, LA MER gelée! Nous sommes sidérés. Nous ne nous attendions vraiment pas à trouver encore des paysages pris dans les glaces en plein mois de mai. 

Puis nous reprenons la route 510. Celle qu’on nous avait décrite dantesque, en gravier défoncé est en faite une belle route toute neuve, sans pothole, au bitume tout noir dans cet environnement entièrement blanc. Une perdrix des neiges, toute ronde, toute blanche avec sa tête rouge traverse juste devant le pare-brise. 

A Port Hope Simpson, tout petit village, on nous invite à vérifier la jauge de notre réservoir, prochaine station et donc prochain village dans 410 km ……..

C’est le désert, croiser une voiture est un petit événement qui n’arrive que toutes les 20 mn en moyenne. 

Après le repas, changement de chauffeur comme tous les jours…..changement de route aussi….l’asphalte laisse la place au gravier. C’était donc vrai. Mais il est en très bon état et la moyenne tombe à peine et 35 km plus loin nous retrouvons le billard du bitume. 

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On change encore une fois d’heure. 1/2h dans un sens ou dans l’autre on ne sait plus à force. 

La route a été si belle que nous sommes ce soir à Happy Valley Goose Bay, la plus grande ville du Labrador. On y retrouve tout le confort, et surtout du réseau et une message de Mélo « on a gagné ». Il est un peu tard pour l’appeler mais on veut croire que sa proposition d’achat pour la maison de ses rêves a été acceptée.

Nous nous arrêtons au bord du fjord, la température a bien monté, dommage que l’endroit ait un petit air d’Italie….un vrai dépotoir!

 

Notre premier « travail » est d’aller faire un complément de gasoil maintenant que nous avons parcourus les 410 km depuis la dernière pompe, la prochaine est à 300 km. On s’attend à payer le prix fort, mais quand il faut il faut. 1,71$!!!! Je moins cher jamais trouvé! Je pose la question pourquoi est-il si peu cher. Si j’ai bien compris la réponse, mais je sais que oui, j’ai douté parce que la réponse était tellement étonnante pour nous…… il était gelé par conséquent pendant tout l’hiver il n’en a pas vendu, il est donc au prix…..d’avant….

2ème « travail », aller chez Tim trouver le wifi. Et régler les problèmes…..

Et puis enfin, à presque 11h nous prenons la route. Route 500 maintenant, plein sud. La neige résiste mais on sent bien qu’il n’y en a plus pour très longtemps, et on sait déjà qu’on va regretter ces paysages blancs à l’infini et si sauvages. 

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Nous quittons définitivement le fjord et ce qui nous reliait à la mer. La prochaine fois, ce sera là bas de l’autre coté. C’est étrange tout ce sable partout alors que jusque là nous n’avions que des cailloux et des roches. Beaucoup de pylônes aussi, c’est moins. « Bucolique » Nous suivons la ligne qui vient de Churchill Falls où nous serons ce soir. 

Seule végétation les épinettes partout. Rarement on n’a vu d’arbre aussi laid. Petit c’est un harmonieux petit sapin qu’on imagine bien garni de guirlandes et de boules. Mais quand ça grandit, l’épinette, ça devient moche, dégingandé, déplumé, decharné, et pour ajouter encore à la tristesse qu’elles dégagent elles sont couvertes de lichen noir. 

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Au sol, que d’eau, que d’eau, et quand ce n’est pas de l’eau, sous les épinettes, c’est un joli petit lichen vert amande.

Nous arrivons au terme de notre étape à Churchill Falls, grande, immense centrale hydroélectrique électrique souterraine aménagée sur le cours supérieur du fleuve Churchill. C’est la 2ème plus grande centrale souterraine au monde. La plus grande se trouve au Québec. Ville neuve où tout le monde doit sans doute travailler à la centrale. Nous allons à la station service avec l’intention de faire un complément. Eh bien ici ils ont du vendre tout le diesel de l’année dernière….il est à 3$ passés. On va attendre la prochaine ville, ça ne pourra pas être pire, du moins on l’espère. 

Nous nous installons au bord de la rivière Churchill et partons faire une balade. Le ciel s’est dégagé et il fait chaud. Dans le ciel un aigle apprend à son petit à voler et lui prodigue moult conseils, amusant. Au retour au fourgon une perdrix pas timide du tout se laisse approcher à un mètre. 

Et voilà, il fait beau, suffisamment chaud on s’autorise un verre de vin à l’extérieur sur une jolie petite table multicolore, et…..3 moustiques tentent une attaque, ils ne recommenceront plus.

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Nous avions prévu d’aller visiter la centrale, mais le Covid en a décidé autrement le site est fermé à la visite. Nous avions prévu de faire une balade jusqu’au chutes, mais le sentier qui y mène  est pris dans la neige et on s’enfonce jusqu’à mis jambe, nous renonçons également. Il ne reste qu’à prendre la route. Les paysages sont moins jolis avec de grandes échappées nues. Les rivières sont furieuses et les lacs encore endormis dans la glace mais la neige cède peu à peu du terrain. La température est sacrément remontée, nous pouvons même enlever quelques couches de vêtement pour arriver jusqu’au T-shirt qui n’avait pas vu la couleur du jour depuis longtemps. Nous longeons et traversons à maintes reprises une voie de chemin de fer. Des trains d’une longueur impressionnante transportent  des montagnes de cailloux. 

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Labrador city est la dernière ville de la province du Labrador. Un arrêt s’impose pour le gasoil. Le prix est redevenu normal (2,40$), nous pouvons faire le plein. Nous faisons un arrêt dans un grand centre commercial pour faire quelques courses. BB trouve,  au rayon « vêtements de travail », LA chemise à carreaux rouges et noirs des hommes des bois. 

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Nous voici maintenant de retour au Québec. Nous avons un peu l’impression de rentrer à la maison. La langue sans doute. Nous changeons de province donc, la route 500 devient la 389. Et il n’y a pas que le numéro qui change…..le revêtement aussi, hélas! Fini le beau goudron, nous voici partis pour 70 km de route en gravier défoncée et sinueuse. Nous sommes heureux de retrouver l’asphalte à l’issue de ces 70 km, il n’est pas confortable mais c’est mieux que la piste tout de même. 

Dernière étape Gagnon. Ancienne ville minière qui a été complètement déconstruite pour être implantée ailleurs lorsque la mine a changé d’emplacement. Il ne reste que les trottoirs et le terre plein central. Plus de maisons, plus de rues, plus rien. Ça laisse une impression étrange.

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Nous décidons toutefois de nous y arrêter. Voilà un grand parking  qui semble accueillant. Le sable est dur….. enfin nous semble-t-il, mais c’est une erreur, nous voilà ensablés. Un peu de système D de muscles et de chance et nous arrivons à nous en sortir. Le parking pour les camions (sans camions) juste après est un peu moins accueillant mais au moins il est stable. 

 

BB enfile sa chemise de travailleur. Il est très beau la dedans. Nous décidons l’aller lire la pancarte sur Gagnon qui se trouve sur la parking où nous nous sommes ensablés hier soir. 

Il y a de l’animation….. un couple avec voiture et caravane sont ensablés à leur tour. Un 4X4 s’est arrêté pour leur porter secours mais sans succès. Nos petits bras musclés vont les aider à sortir. Est-ce l’effet chemise de bûcheron qui a décuplé les forces…..voilà la voiture sortie, la caravane va suivre.

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Nous pouvons lire la pancarte pour laquelle nous sommes revenus là. 4000 personnes habitaient dans cette ville qui a disparue, incroyable!

Le Relais Gabriel, une institution de la route trans labrador nous accueille pour un café. S’ensuit 100 km de Gravel Road, ce sera la dernière portion non goudronnée du périple trans-labradorien, tant mieux. 

Puis c’est Manic-5 un ÉNORME barrage, une cathédrale de béton! 214 m de hauteur, 1314m de longueur, doté de 13 voutes et de 14 contreforts, c’est le plus grand barrage à voutes multiples et contreforts du monde avec une hauteur de chute de 150m.

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Les plaques de neige ne sont plus que sporadiques et les arbres du coup s’autorisent à se mettre en mode printemps, les feuilles vert tendre donnent de la couleur au paysage. 

Soudain nous apercevons sur le bord de la route un couple d’originaux. Ils rentrent dans le couvert du bois avant que nous ayons eu le temps d’immortaliser leur sourire. 

Puis nous arrivons enfin à Baie Comeau après 35 256 312 782 épinettes et 1 721km de route depuis Blanc Sablon. On l’a fait!

On avait tout lu sur cette route, tout lu et tout cru….

On allait se fracasser sur un orignal, être attaqué par les ours, poursuivi par les loups, à coup sur dévorés par les moustiques. On allait crever des 4 roues sur les centaines de kilomètres de gravier infernal, on allait mourir de froid, de faim loin de tout sans aucun contact possible, nous allions payer le gasoil au prix du Saint Émilion…. Bref nous allions vivre un enfer!

Nous avions donc prévu des réserves pour tenir un siège, 2 bouteilles de gaz pleines, une bombe anti-crevaison et une roue de secours en bon état est nous  allions éviter d’aller faire pipi dehors la nuit. 

La réalité a été toute différente. Certaines personnes qui écrivent des articles sur le net s’amusent à faire peur ou bien pire enjolivent leur « exploit » se faisant passer ainsi pour des aventuriers alors que tout comme nous  ils ne sont des touristes ordinaires…..

Les orignaux que nous avons rencontrés n’avait pas l’esprit suicidaire, les ours sans doute toujours en hibernation,  les loups occupés ailleurs, et les moustiques pas encore en action. 

Nous n’avons eu que 200 km de gravier, et nous n’avons pas crevé. Nous nous sommes arrêtés, pour garder le contact, dans des villes dont certaines avaient du réseau (Happy Valley Goose Bay, Churchill Falls, Labrador City) et n’avons jamais trouvé de carburant si peu cher (à cause du gel….)

Nous avons roulé pendant 4 jours et demi dans des paysages somptueux, irréels, isolés certes mais si beaux, et nous n’avons pas eu peur de mourir de tout ce qu’on nous avait prédit, car quand même de temps en temps il passe des voitures. C’était un autre monde, une autre vie. Nous sommes bien sur heureux d’avoir retrouvé la 4G, la communication, la facilité mais nous sommes très heureux d’avoir vécu ces moments sur la Trans-Labrador.

Nous sommes maintenant au bord du Saint Laurent et nous allons le suivre vers le sud un peu. Peut être aurons nous la chance de voir des baleines….. 

 

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